Histoire libre.

« - La mission est compromise. L'agent Hawkins n'a pas tiré sur la cible qui s'est échappée. Terminé. lâcha-t-il en rangeant son talkie walkie dans sa poche arrière.
- A quoi tu joues, Jamie ? Je croyais qu'on pouvait se faire confiance l'un l'autre.
- Je ne fais pas confiance aux traitres.
- Quoi ? Tu n'es pas sérieux ! Tu viens de me dénoncer au MI6 et tu me parles de traitrise ?
- Ce n'est pas moi qui joue un double rôle depuis je ne sais combien de temps ! Mais tu viens de révéler ta véritable nature en laissant notre cible s'enfuir. »

L'hôpital sentait le renfermé et le vieux. Au premier étage, l'hôtesse d'accueil se limait les ongles tandis qu'un petit couple qui devait réunir à lui seul deux siècles d'âge avançait à deux à l'heure pour se rendre dans le parc. Bonnie Barton, encore Lisbeth Hawkins en ce temps, attendait depuis maintenant quelques minutes dans le couloir adjacent où se trouvait la chambre de sa mère qui dormait après avoir subit une batterie de tests. Se levant, la brunette de dix-sept ans fit rapidement quelques pas devant la porte en se mordillant la peau qui s'arrachait autour de ses ongles, mauvaise habitude qu'elle avait prise lorsqu'elle était face à une situation stressante. Plus tard, ce stress se canalisa dans les cigarettes et ses doigts retrouvèrent leur peau. En attendant, la jeune fille ne tenait plus, alors ralentissant tout à coup sa course à travers le couloir, elle passa délicatement sa tête brune par la porte. Sur le lit, une femme aux même traits fins sourit et l'invita à entrer.

« - Et bien, ma puce, ça fait longtemps que tu n'es pas venue me rendre visite.
- Mais si maman, je suis venue hier. Je t'ai apporté des cookies que j'ai fais moi-même.
- Ah oui, c'est vrai. Tu es là tôt, aujourd'hui, quelque chose ne va pas Liz ?
- J'ai rencontré un homme hier soir. Il m'attendait devant la maison, il a dit qu'il s'appelait Tristan Walker et qu'il venait des États-Unis. le visage de sa mère perdit le peu de couleurs qu'il possédait encore. Tu le connais ? Qui est-ce, maman ?
- Tu sais déjà qui c'est, pas vrai ? Il te l'a dit, n'est-ce pas ? la jeune fille hocha la tête.
- Alors, c'est vrai ? C'est mon père ? Pourquoi ne l'ai-je jamais vu auparavant ?
- C'est compliqué, chérie. Et très long à expliquer...
- J'ai tout mon temps. » coupa Lisbeth fermement.

Alors, sa mère commença à lui raconter comment elle était tombée amoureuse de ce bel américain : Tristan Walker. Ce beau jeune homme qui semblait avoir le monde à ses pieds s'est installé à Londres alors qu'il n'avait que vingt ans, la mère de Lisbeth en avait dix-huit. A peine l'avait-elle vu qu'elle était tombée radicalement sous son charme. Il n'était pas là pour très longtemps, d'après lui, il avait des affaires importantes à régler sur Londres avant de repartir pour New York. Relation brève mais intense, et miss Hawkins tomba enceinte avant même que son amant n'ait quitté l'Angleterre. Cachant sa grossesse, Tristan repartit sans jamais savoir qu'il avait une fille. Quelques semaines plus tard, ce même jeune homme faisait la une des journaux qui le définissait d'homme d'affaires véreux. Couverture plutôt bien trouvée qui toutefois était tombée à l'eau lorsque les agents du MI6 avait repéré ce jeune bleu de la CIA, ce que la mère de Lisbeth ne sut jamais, dieu merci.
Ce qu'elle ne sut jamais non plus, c'est que certes, son amant d'un temps avait refait surface et découvert sa fille mais celle-ci lui avait menti. Il s'était désigné sous le nom de Tristan Walker une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, s'identifiant tout d'abord comme l'inspecteur John Smith qui faisait une petite enquête sur des bruits dans le voisinage.
En attendant, sa mère continuait son récit, décrivant son état d'amour intense et sa relation avec ce magnifique brun aux yeux noisettes.

« C'était vraiment merveilleux. conclut-elle, le regard vagabondant dans la chambre.
- Merci de me l'avoir dit. ajouta Lisbeth.
- Hm, pardon, vous dites ?
- Je te disais merci. sa mère éclata d'un rire moqueur.
- Oh, je ne vois pas pourquoi mais je vous en prie, ma demoiselle. Vous savez que vous ressemblez beaucoup à ma fille ? Enfin, elle est beaucoup plus jeune que vous, elle a quatorze ans. La dernière fois, nous avons cuisiné ensemble et je lui ai montré comment faire des cookies avec ma recette spéciale ! Elle est devenue experte en la matière, vous devriez les goûter, si vous en avez l'occasion. Mais au fait, j'ai oublié de vous demander : qui êtes-vous ? »

« - Ils savaient, Jamie, j'en suis sûre ! s'écria Lisbeth.
- N'essaye pas de te faire passer pour la victime. Tu nous as trahi ! Tu étais de son côté depuis le début.
- Oui, je savais qui il était dès le jour où j'ai entendu son nom. Et j'ai tout de suite su que je ne pourrais pas l'abattre, même si ma vie en dépendait.
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
- Tu ne m'aurais jamais cru, la preuve, encore aujourd'hui tu ne me crois pas.
- J'avais confiance en toi, Liz ! Tu avais des contacts avec Smith, on le savait tous, même toi tu le savais puisque tu l'as aidé à s'échapper encore aujourd'hui !
- Bien sur que j'avais des contacts avec lui, c'est mon père ! Tu n'as plus aucun contact avec ta famille toi ? devant son silence elle continua : Il n'était pas là en mission, il était là pour moi. Pour une fois. Mais le MI6 l'avait reconnu et sa tête était désormais mise à prix. Je ne pouvais pas l'abattre, le MI6 le savait et désormais, traitre ou pas, je serais mieux morte. »

Soudainement, Lisbeth sortit de sa poche une petite bombe lacrymogène. Mais avant même qu'elle en ait pu faire l'usage, Jamie l'avait maîtrisée et la tenait fermement dos à lui. Il dégagea son oreille pour lui murmurer :

« - Tu es trop prévisible, Liz. Fais attention à toi. » lui dit-il finalement avant de lui coller un baiser sur la joue puis de lâcher complétement sa prise.

Perdue, Lisbeth se retourna et regarda longuement Jamie tandis que celui-ci affichait un sourire satisfait et lui faisant signe de la main de déguerpir, ce qu'elle fit.

« - Bonnie ? frétilla le talkie walkie. Il y a quelqu'un pour toi à l'accueil.
- Qui ça ?
- Un type qui dit te connaitre, il dit que c'est urgent, qu'il doit te parler.
- OK, envoie le moi s'il te plait, George est en pause, je peux pas bouger de là. »

Assise confortablement -ou pas- sur sa chaise, Bonnie scrutait attentivement le bassin olympique qui s'étalait sous ses yeux, de nombreux nageurs amateurs barbotant dedans. Elle tourna rapidement la tête pour vérifier les autres bassins, celui des enfants et le bain bouillonnant des adultes. Puis son regard se fixa sur une des lignes d'eau inoccupée du bassin. Elle mourrait d'envie de piquer une tête pour se détendre. Nager une bonne heure pour ensuite prendre une douche et rentrer tranquillement à la maison où elle réchaufferait les restes d'un bon repas chinois.
L'espace d'un instant, le doute l'envahit, qui pouvait vouloir venir lui parler sur son lieu de travail ? Elle se rassura en se disant qu'au moins, elle était dans un lieu public où une quelconque agression serait tout de suite repérée. Elle inspira doucement et son regard plongea à nouveau vers la piscine de laquelle se dégageait une odeur de chlore que Bonnie aimait particulièrement.

« - C'est donc ça, ta nouvelle vie, Liz ? elle sursauta en reconnaissant cette voix masculine. Je ne voulais pas te faire peur, relaxe, je ne suis pas ici en tant qu'agent.
- Bien sûr que non, tu fais du tourisme ? Et je pari que tu as voulu commencer par visiter la piscine ! Arrête, si tu es ici, Jamie, ce n'est pas par hasard. il haussa les épaules.
- Je n'ai jamais dis ça, tu sais bien que je ne fais rien au hasard. Non, je suis ici pour te voir, Liz. précisa-t-il en souriant.
- Je ne suis plus Liz. Et tu ne me connais plus.
- Oh, pardon, Bonnie, ce n'était pas très malin comme nouvelle identité. La preuve que je te connais encore comme le fond de ma poche, je t'ai quand même trouvée du premier coup.
- Qu'est-ce que tu fais là, Jamie ? Et ne me dis pas que tu es pas en service et que tu souhaitais me voir.
- Je veux la même chose que toi. il se pencha et lui murmura à l'oreille : L'intersect. »

Puis il lui colla un baiser sur la joue avant de lui sourire malicieusement tout en reculant. Il tourna finalement les talons pour rejoindre les vestiaires.