Dure journée aujourd’hui. Passer la journée à dire à des vieilles qui ont la cinquantaine parfois même la soixantaine et qui ne savent plus remuer leur bras pour nager plus rapidement dans la piscine ça m’avait vraiment fatigué. Heureusement pour moi, la journée était finie et dans une dizaine de minutes je serai affalée sur mon lit bien moelleux et sur lequel tu t’endors facilement. Après avoir quitté la piscine, j’ai dû fermer derrière moi car j’étais la dernière à partir. Je voulais faire quelques longueurs, histoire de m’aérer un peu l’esprit et me changer les idées. Même le concierge était rentré chez lui plus tôt que moi. Des incapables, je dis. Lorsque je suis sortie de ce grand bâtiment, plusieurs chemins s’ouvraient à moi. J’ai choisi le plus rapide mais malheureusement le plus flippant : le parc. En traversant le parc de Burbank, les mains dans les poches, j’aperçue une silhouette. Armée jusqu’aux dents, j’avais plusieurs lames tranchantes et bien aiguisées dans l’une des bottes et un flingue bouclé et caché dans mon dos. Je passai une main dessus pour l’attraper en m’arrêtant. Les bruits devenaient suspects et cette ambiance commençait à m’inquiéter. Puis la silhouette dissimulait dans l’ombre se montra ; il s’avérait que ce n’était que Sam Lancks, un simple Intersect pas très dangereux mais extrêmement pénible, soit très chiant dans mon langage. Ce petit fanfaron prenait un peu trop la vie coté Coca-Cola, aucun sérieux, aucune concentration de sa part. La CIA s’était totalement plantée en le prenant comme Intersect. Mais ma foi, je n’avais pas le choix. Je devais protéger cet imbécile heureux au coût de ma vie.

Quand je reconnue le visage de Sam et sa marque de débilité sur son visage, je lâchai mon arme, la laissant où elle était déjà. Un soupire de soulagement sortit de ma bouche car oui j’avoue que je n’avais pas envie d’action pour la soirée. Quand t’es fatiguée et bah t’es fatiguée et en général, t’as pas envie de bouger ton fessier. Je plantai mon regard dans le sien tandis qu’il n’osait pas parlé, il savait ce qu’il attendait. Mon regard le déstabilisait, je le voyais dans son attitude et toutes ses manies et tocs qu’il avait. Car j’étais très douée pour cerner les personnes et lui ce fût très rapide à comprendre. Après un silence total accompagné de quelques bruits d’animaux étranges vaguant dans le parc ou dans les airs, j’entamai la conversation même si pour le moment ce n’était qu’un monologue. « Qu’est-ce que tu fiches ici ? » Lui demandais-je d’une voix froide, distante, à la limite du glaciale. Séparée par environ huit mètres, ma voix se fit quand même entendre. J’avais une voix très imposante, autoritaire, ferme et je choisissais de parler ainsi. Fronçant légèrement les sourcils, je le regardais d’autant plus en attendant quelle excuse stupide voire même débile il allait encore me sortir.

Citation :

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J’en étais arrivée là ; à protéger un crétin d’Intersect qui pose trop de questions. Il était préférable pour sa sécurité qu’il en sache le moins possible. Je me forçais à avoir ce comportement vis-à-vis de lui, de tout le monde. Il pouvait me détester si ça lui plaisait, ça ne me toucher pas. Mais qu’est-ce que je dis ?! Bien sûr que si ! De l’extérieur, je paraissais sans émotions mais à l’intérieur c’est une tout autre histoire. Sam ne m’aimait pas et je ne peux pas lui en vouloir pour ça. J’aurai juste préféré que les choses se passent autrement entre nous, que mon histoire soit différente, ma vie modifiée. S’il m’aurait connu auparavant, nous aurions pu être amis, c’est certain. Mais c’est ainsi et je dois faire avec. Je dois m’habituée à ce que les gens me détestent, m’haïssent. Je l’ai choisi, j’assume. Il doit savoir que si je suis celle que je suis maintenant, ce n’est que pour son bien. Si n’importe qui arriverait à me reconnaître ou connaîtrait ma véritable identité, le gouvernement français commencerait à me traquer et ce serait une véritable chasse à l’homme. C’était mieux ainsi… Je le préférais entrain de se nourrir une haine infime envers moi que mort. La haine entraîne la peur et la peur supprime la curiosité. Plus on me craignait et moins on poserait de questions sur mon passé.

Je venais de violemment l’agresser verbalement à cause du ton de ma voix, c’était ce qu’il avait compris en tout cas. « Bonsoir à toi aussi ! » répondu-t-il de manière très désinvolte envers moi, suivi d’un soupire. Mais qu’est-ce qui m’empêchait de lui en coller une à celui là, sérieusement ? Je grognai légèrement en croisant les bras. C’était genre d’attitude qui me faisait perdre mon sang froid et me donnait une certaine envie de lui décoller un poing dans son joli petit visage. Je me retenais, j’essayée de contenir mon impulsivité mais ce n’était pas vraiment facile en face de lui. « Il faudrait vraiment que tu m'explique ce que je t'ai fais un jour pour que tu te comporte ainsi. » Je n’avais rien contre lui mais j’avais tendance à devenir insociable quand je tenais à quelqu’un tout ça pour mieux le protéger. J’attendis quelques secondes, le temps que je réfléchisse à une phrase crédible, avant de lui répondre. « Je n’ai pas envie de perdre mon temps à t’expliquer l’évident. » lui répondis-je en le regardant d’autant plus. Cette discussion allait éclatée en cacahuète..

Il me fixait, je le scrutai. On allait continuer de jouer à ce jeu encore très longtemps ? Parce que je n’étais pas vraiment d’humeur à jouer de la sorte. « Et pour répondre à ta question : je me baladais. C'était une looooongue journée à buymore, j'avais besoin de prendre l'air. » Il s’enfonçait. Vous croyez que j’ai le droit de le coffrer et le séquestrez au Château pour insolence envers un supérieur ? Le ton qui l’employait ne me plaisait pas du tout. La seule chose dont je rêvais à ce moment même était de brandir l’arme rentrée dans mon jean derrière mon dos pour lui tirer dans la tête. Eh oui, cette tête de gland était très énervant et l’Intersect Eldred pouvait en témoigner. Je n’étais pas la seule à le détester, hallelujah. Il y en avait d’autre, des collègues pour la plupart. Ca faisait quand même déjà six mois qu’il agissait comme ça, six mois que je me forçai à le supporter. Je l’aimais bien certes mais son caractère de joueur m’agaçait. « Eh bien la pause est terminée. Retourne chez toi avant que je ne te séquestre dans une des cellules du château. » Je m’avançai vers lui, l’air dangereux. « T’as intérêt à m’obéir, Lancks. » lui ordonnais-je tant que j’étais encore calme. J’appelais souvent les gens par leur nom, c’était une manie. Ca me donnait de l’autorité. Maintenant, j’attendais qu’il obéisse à mes ordres mais je savais qu’il n’allait pas le faire. Il était comme ça et je ne pouvais pas le changer.

« Ah parce que tu penses que c'est évident ? Non non, je ne pense vraiment pas que ça le soit. Je t'en prie, éclaire-moi ! » Que pouvais-je lui répondre d’autre ? Il avait totalement raison ; il le savait, je le savais. What else ? Même si j’en avais très envie, je n’allais pas lui répondre : Je te maltraite parce que je n’aime pas ta tête. Et en plus ça rime, comble de tout. Non, il me fallait une phrase sérieuse. Quelque chose qu’il allait gober sans poser de questions. Je restais silencieuse quelques secondes tandis qu’il s’approchait de moi en roulant des yeux. Mon regard plongeait dans le sien, pour la première fois depuis longtemps, les rôles étaient inversés. Quelqu’un avait réussi à me faire perdre mes moyens avec une simple petite question. Une question qui sera répondue par un mensonge, bien évidemment. Le temps que je réfléchisse à ma superbe réponse, il enchainait ses répliques. « Non sérieusement, éclaire-moi. Parce que je ne saisis pas bien l'évidence vois-tu ? » C’était mort. Je ne pouvais plus lui répondre « Je traite les gens comme je veux, asticot. » Il serait frustré et il se serait involontairement mis en danger. J’allais ouvrir ma bouche pour parler mais il me coupa, encore une fois. Qu’il était énervant ce gamin, quand même ! « Non mais je sais pas, j'ai fais quelque chose qui t'a énervé ? » J’inspirai un bon coup avant de pouvoir lui répondre d’une traite. Et cette fois-ci, il n’avait pas intérêt à me couper la parole ! « Écoute Sam, t’es un gentil p’tit gars bien sympa. Mais je ne peux pas me permettre de te répondre. Ca te mettrait beaucoup trop en danger envers la CIA, la NSA et pleins d’autres organisations plus dangereuses que tu ne le crois. Et s’il t’arrive quoique ce soit, j’aurai échoué et jamais je ne me le pardonnerais. Je sais que ce n’est pas la réponse que tu attendais, mais te dire pourquoi je fais ça est tout juste impossible. Dis-toi que j’agis ainsi pour ton bien seulement. » Vérité quand tu nous tiens. J’humais l’air tandis que le soleil se couchait. Il n’allait pas me croire, j’en étais sûre mais c’était vrai. Mon identité et mon caractère était la seule chose que je m’étais forgée en débarquant sur le sol américain. Mon véritable nom était inconnu aux yeux de tous, pas même Beckman ne le connaissait. Je m’obligeais à rester froide pour ne pas déraper. Si c’était le cas, mes sentiments ressurgiraient ainsi que les traces du passé et là, Sam serait en danger.

Il pouvait apercevoir une once d’humanité dans mes yeux, chose que je gardais profondément à l’intérieur de moi. Je regardai le ciel qui à présent était plongé dans le noir total en essayant de ne pas laisser mes émotions m’envahirent et de reprendre mon rôle de garde du corps. Je venais de lui ordonner de rentrer chez lui mais encore une fois il n’en faisait qu’à sa tête. « Sinon quoi ? Tu comptes vraiment me séquestrer au château ? » « Exactement. » répondis-je avec un sourire sadique sur les lèvres en sortant les menottes que j’avais toujours sur moi. Lorsqu’il entendit le bruit du métal qui retentissait : il se rétracta. « D'accord d'accord, mais tu ferais mieux de m'accompagner SWAN, on sait jamais sur qui on peut tomber. » disait-il en insistant bien sur le « Swan », mon nom de famille. C’est qu’il reprenait mes méthodes, le petit. Je préfère. Je rangeai donc les menottes pendant que je m’avançais vers lui pour pouvoir le raccompagner. Non seulement il était très fatiguant du matin au soir mais en plus, je devais jouer à la baby-sitter avec lui. Il ne manquait plus que ça ! Je soupirai un instant avant de lui répondre. « Bien. Mais tu n’as même pas intérêt à essayer de faire la conversation comme si t’étais la commère du coin. » Les mains dans les poches, je soupirai une dernière fois avant d’entamer le trajet. Je commençais déjà à marcher rapidement, plus vite il serait chez lui et plus vite je retrouverai mon lit.

Il ne me croyait pas. J’aurai dû m’en douter, il ne me croyait jamais. Il n’avait pas confiance en moi ça se voyait sur les traits de son visage. Pourquoi ? Je n’étais peut-être pas très clean avec lui mais il savait qu’il pouvait me faire confiance et par-dessus tout : me croire. Ca devenait problématique. Si pendant une mission il avait le moindre petit doute sur moi alors toute la mission Intersect en entier serait compromise ! Je dois être sure à n’importe quel moment qu’il me croit et qu’il a confiance en moi, sinon autant lui attribuer une autre gardienne. Je venais de lui sortir mon petit discours contenant exclusivement de la vérité seulement, pour une fois. Et il ne m’avait pas cru, encore. J’avais remarqué qu’il était sans voix, qu’il n’avait rien à ajouter mais vous connaissez les gens ; ils feront tous et n’importe quoi pour montrer que vous avez tord et eux raisons. Je le scrutais d’un regard perçant tandis qu’il me répondit cyniquement. « T'es en train de me dire que si t'es comme ça avec moi, c'est pour me protéger ? » Il était à deux doigts d’éclater de rire et moi d’exploser de colère. Si ça ne tenait qu’à moi, il aurait déjà un joli petit cocard sur sa gueule d’ange. « Tout à fait. Et si tu ne me crois pas j’en suis navrée parce que c’est la réalité. » Je n’allais tout de même pas raconter toute ma vie juste pour m’expliquer devant lui, ça non. Lui expliquer pourquoi je fuyais mon pays d’origine, pourquoi je ne parlais jamais de mon passé, pourquoi j’étais froide ? Il rêvait, je n’allais rien lui raconter. Il fallait que je sois proche et distante à la fois avec lui : c’était ma mission. « Très bien. » ajouta-t-il sans aucune explication. Je pensais qu’il m’avait enfin pris au sérieux mais en faite non. « Dans ce cas, je te remercie d'être si odieuse, si ca permet de me garder en vie. » Et voilà il recommençait à se foutre de ma gueule. J’avais oublié à quel point il était agaçant. S’il continuait, c’est officiel ; je lui en mettrai une. Je préférais soupirer en levant les yeux au ciel au lieu de répondre à provocation puérile. Je continuais mon chemin sans me soucier de lui, même si j’y étais obligée.

« Dylan … tu as souris. » Oui je souriais et alors ? On dirait que c’était impossible ? Ah mais oui ! J’avais oublié. Sam ne connaissait que la mauvaise partie en moi, et non la plus déjantée. En arquant un sourcil sur deux, je me tourne vers lui et je le regarde d’un style "t’as jamais vu une meuf sourire ou quoi ?" et je lui réponds calmement. « Oui et ? T’as jamais vu une fille sourire ? » Je rangeais mes menottes pour ne pas l’effrayer puisque l’instant d’avant je les avais sorti juste pour lui prouver que je pouvais très bien l’enfermer dans l’une des cellules du Château. Non seulement je pouvais le séquestrer mais me connaissant, j’allais aussi le torturer. Chance pour lui il s’est rétracté. « Mais je suis quand même un peu vexé. C'est pas super cool de sourire en sortant les menottes. » Décidemment il faisait tout pour m’énerver ou me provoquer. Je soupirais à nouveau tout en grognant : ça faisait un bruit très bizarre à entendre. « Tais-toi Lancks. » Il parlait trop ! Encore plus pipelette que ma tante lorsqu’elle a trop bu à Noël ! Il ne pouvait pas se taire un petit peu ? Juste pour laisser mes oreilles respirer d’elle-même.

J’avais réussie à négocier : je le raccompagnais jusqu’à chez lui et il se taisait en chemin. Il ne pouvait même pas savoir à quel point le fait qu’il se taise pouvait me faire un énorme bien. Encore une fois, lui qui avait réponse à tout me répondit une phrase à laquelle je m’attendais. Qu’il était prévisible ce petit Sami… « T'en fais pas pour ça, c'est pas comme si tu étais de bonne compagnie. Je préférais encore écouter le silence. » « Alors fait-le ! » répondis-je d’une voix forte et autoritaire pour qu’il puisse arrêter de jacasser. On marchait en silence, moi les mains dans les poches, lui shootant dans les cailloux. Un vrai gamin. On avait fait un bon petit paquet de chemin, on avait passé le lac devant lequel on s’était retrouvé et là on traversé une rue. Et puis il parla ! Naaaaaaaaaan ! Moi qui allait si bien avant qu’il ne l’ouvre à nouveau. Il parlait certes, mais pour poser une question à laquelle j’allais certainement refuser de répondre et il le savait ! Ce petit salopiaud faisait tout pour me mettre en rogne ce soir. Il avait dû faire un pari ou un truc du style car c’était impossible d’être aussi agaçant. « Qu'est-ce que tu faisais avant d’atterrir à la NSA ? » En plus c’était une question sur mon passé. Mon passé mystérieux que je refusais d’évoquer même sous la torture ou l’alcool. Il était curieux à mon sujet pour s’obstiner à en savoir plus. Encore une fois (eh oui) je soupirais en regardant le ciel. Je ne savais pas ce que je devais lui répondre mais j’allais bien trouver. Je poursuivais ma route sans faire attention à lui, et alors que j’avais pris de l’avance je me retournai vers lui. « Je t’ai dis que je n’avais pas le droit de parler de mon passé ou de ma véritable nature mais toi et ta sale tête de gland vous ne m’aviez pas cru. Alors non, t’auras pas l’honneur de savoir qui j’étais avant de devenir agent de la NSA. »

Sami. Toujours entrain de poser autant de question, à se renseigner, épier les moindres faits et gestes de ses sujets. Sa curiosité le dévorerait un jour pour ça. Surtout ça me déranger. Je me sentais violer dans mon intimité. De plus, je lui avais clairement fait comprendre que c’était un passé que je ne voulais pas évoquer car tout simplement parce qu’il n’existe plus. J’ai vécu des choses bouleversantes, des choses qu’une simple fille n’aurait pas pu supporter et je m’en étais sortie. En reparler me faisait mal et faisait surtout ressurgir une honte des plus phénoménales. Je lui avais calmement expliqué que tout lui raconter le mettrait en danger, il avait choisi de ne pas me croire. Il ne me faisait pas confiance : ça marchait dans les deux sens. Je refusais de lui révéler mon passé si je ne pouvais pas lui faire confiance entièrement ou même partiellement. Un passé qui restait néanmoins très dangereux pour lui, le mentionner alerterait le gouvernement mais ça je n’avais pas le droit de lui dire et il ne devait pas le savoir. J’étais en cavale et parler de cette enfance, de cette vie, mon ancien moi aurait des effets néfastes sur moi ou tout ceux qui ont croisés ma route.

Je marchais. Toujours aussi silencieuse, j’essayée de ne pas parler. Mais c’est assez dur quand on a une commère à côté de soi qui essaye de se renseigner sur son passé en plus. Le gamin ou tête de gland si vous préférez, s’obstinait à me poser des questions pour en apprendre plus sur moi. « Comment t'es arrivée à la NSA alors ? » me demandait-il lorsqu’il vit à quel point j’étais silencieuse. Je refusais de parler, ça ne lui regarder pas. Et s’il voulait savoir ça il n’a qu’à consulter mon dossier mais il n’a pas une accréditation aussi élevé pour pouvoir y accéder. Il n'était qu'un petit Intersect. « Moi c'est mon prof d'université qui m'a recruté. » ajouta-t-il en voyant que je ne parlais toujours pas. Je connaissais cette technique : mettre le sujet en confiance en lui évoquant des anecdotes personnelles pour qu’il puisse parler plus facilement. Ca ne marchait pas sur moi, je l’avais déjà utilisé avec plusieurs captifs. « J'étais choqué quand il me l'a annoncé, je n'y croyais pas. » dit-il pour renchérir. Je ne voulais pas connaître sa vie, seulement la protéger. « C'est cool la CIA tu vois, j'ai de vrais responsabilité depuis que j'ai tu sais quoi, je me sens important, utile. » Décidemment, ce soir il avait vraiment besoin de parler à quelqu’un ou juste faire la causette, peu importe ça ne m’intéressait pas. J’étais prête à le gifler quand soudainement je me suis mise à crier sur lui. « Bon ! Tu vas arrêter de me raconter ta vie ? Je m’en fou, bordel ! » hurlais-je sur lui en plein milieu d’une rue vide hormis nous deux. Car oui, à cette heure-ci, tout le monde dormaient exceptés les petits espions amateurs qui se baladaient dans les rues de Burbank. « Il t'arrive de regretter ta vie d'avant ? » Il recommençait à parler et pourtant je lui avais dit que je ne voulais pas faire la discute avec lui. Qu’il était têtu… Je le regardais en soupirant et d’un mouvement brusque je commençais à retirer ma montre qui cachait une cicatrice. Je lui tendis mon poignet pour qu’il puisse le voir en parlant fort, essayant de lui convaincre d’arrêter de mentionner le passé. « Tu vois ça ? C’est la première fois que je me suis faite tordue le poignet, j’en garde de mauvaises séquelles. » Je passais mon index sur mon poignet pour montrer la cicatrice que j’avais juste au-dessus. « Et ici, tentative de suicide. J’étais à moitié dans les vapes tellement j’avais mal avant même de me tailler les veines à cause des coups qu'il m'avait infligé. » Je remettais ma montre par-dessus pour cacher mon poignet comme à mon habitude et je plongeais mon regard bleu azur dans celui de Sam qui était de la même couleur. « Nous les espions, on a pas tous eu la chance d’être recruté grâce à un test d’aptitude cérébrale. La plupart du temps, on a été repéré parce qu’on a fait de mauvaises choses et la CIA ou la NSA a pensé que nous serions de bons atouts. Alors pour répondre à ta question : non. Non, je ne regrette pas ma vie d’avant. » lui déballais-je d’un coup sec comme ça. J’avais dû le choquer en lui montrant que petite j’avais été battu par mon beau-père. Mais je préférais ne pas rentrer dans les détails. Il était trop fragile pour supporter ça.

Spoiler:

J’étais désolée ; désolée de la façon dont il a réagit, désolée de lui avoir déballé ma vie, désolée d’avoir cru qu’il pourrait comprendre ce que j’ai enduré. Il ne pouvait pas, personne ne le pouvait. Ca semblait si anodin : une fille vit une scène traumatisante et elle se fait enrôler dans les forces spéciales. Je me souviens encore de lui, de l’homme qui a basculé toute ma vie. Sam était un bon agent et un remarquable Intersect. Peut-être que lui expliquer aurait été plus judicieux. Je ne sais pas ce qui m’est arrivée. Tout est sorti tout seul. J’allais prendre ma propre défense et j’ai eu le besoin de me justifier envers lui. Pourquoi ? Parce que je n’en fais qu’à ma tête, parce que je suis impulsive, voilà pourquoi. Il était au bord de la crise de nerf et je n’ai pas su le voir. Faisait-il de moi une mauvaise protectrice ? Je devais l’aider et pas seulement physiquement. Je devais l’entraîner mais aussi réussir à canaliser ses émotions pour que l’Intersect fonctionne mieux sur lui et j’ai lamentablement échoué. C’était censé être une mission des plus faciles mais elle se révèle plus dure que je ne m’en doutais.

Il hurlait de rage, et en réfléchissant je l’avais un peu provoqué. Mon petit filet de sentiment l’exaspérait, ça l’énerver de voir qu’il n’arrivait pas à démêler ce qu’il y avait dans mon crâne. Il me scrutait d’un mauvais œil, il n’y avait que de la haine à mon égard dans son regard. Il ne m’avait jamais regardé ainsi, jamais ! Ca m’avait choqué et surprise à la fois. « Tu vois, c'est justement ça le problème, c'est que tu te fous de tout ! » Je n’osais pas répondre. Il était trop en colère pour que j’entretienne une conversation avec lui. Mais je savais que je devais le raisonner. S’il continuait sur cette voie-là, l’Intersect lui posera des problèmes et la faute me reviendra. « Alors quoi ? Tu as vécue des choses dures dans ta vie et j'en suis désolé mais devine quoi : ca arrive ! Et tu crois que ca te donne le droit de te comporter de cette façon ? » Toujours aussi énervé, je remarquais qu’il peinait à se calmer. Il déballait tout ce qu’il avait sur le cœur. Je n’avais jamais remarqué qu’il avait une rancune aussi tenace. Serait-il préférable qu’on m’affecte à une autre équipe s’il n’arrive plus à me regarder dans les yeux sans exploser. « Alors maintenant tu sais quoi, tu peux aller te faire mettre ! Et inutile de me raccompagner, je connais le chemin. » Il commença ensuite à me tourner le dos pour s’en aller. Je sortais lentement mon pistolet aux flèches tranquillisantes pour qu’il puisse se réveiller dans son lit au petit matin sans avoir souvenir de ce petit affrontement entre lui et moi. Puis je me suis rendue compte qu’il avait besoin de me dire tout ça et aussi besoin que je le sache. Alors je rangeais aussi lentement mon pistolet que lorsque je l’ai sorti pour pouvoir le suivre sans rien dire. Il n’était pas encore calmer pour que je lui passe un savon. « Ah ! Et t'avais pas besoin de me raconter ta vie, la dernière phrase aurait été suffisante ! » rajouta-t-il en s’enfonçant encore plus loin. Je soupirais fortement tout en le suivant en trottinant, j’essayais de le rattraper.

Je posais une main sur son épaule pour qu’il puisse se retourner et me regarder dans les yeux. Je devais à tout prix lui parler, voir ce qui n’allait pas chez lui : c’était mon devoir. Il finit par se retourner mais toujours aussi boudeur, il me regardait avec son air boudeur. Oui, il me boudait pour ça. « J’ai pas eu la vie facile…Je…J’ai…Je suis seule, tout le temps et sans personne pour me protéger, j’ai dû faire avec. Les relations humaines ça n’a jamais été mon truc je sais pas pourquoi. Mais si je t’ai blessé j’en suis désolée parce que je n’ai jamais voulu ça. » disais-je en parlant d’une voix douce. Maltraiter les gens était une marque d’affection chez moi. Je n’ai jamais voulu le blesser, au contraire, ma mission est de le protéger dans tous les domaines. « Je ne suis pas comme les autres. J’ai abandonné tout sentiment pour ne pas m’affaiblir et surtout pour te protéger toi. Ne me force pas à tout bousculer pour que tu puisses me comprendre. Moi-même je ne me comprends pas. » enchérissais-je d’une voix encore plus douce. Je savais qu’il était temps d’oublier mon rôle d’agent pour pouvoir endosser celui de l’ami. Je voulais que Sam soit mon ami avant d’être mon coéquipier. Hélas, les choses ne sont pas toujours comme on le prévoit. Je ne peux pas tout avoir. Je l’aimais bien ce petit (et il ne s’en rendait pas compte) malgré ses tendances à être agaçant et chiant.